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1 semaine au Burkina Faso - PARTIE 1/2

Pour ce retour aux sources exceptionnel des parents, j'avais concocté un petit programme allant de Ouagadougou à Nazinga jusqu'à Banfora, en passant par Bobo-Dioulasso et ses vieux quartiers... Un programme intense et dépaysant !


Je n'avais pas prévu de pousser dans les extrêmes, mais le jour même de leur arrivée, un couvre-feu a été mis en place suite aux récents évènements (articles précédents). Une pure coïncidence leur rappelant l'ambiance des nuits factieuses de Haute-Volta, il y a près de 30 ans.
Nous commençons la semaine en quittant Ouaga pour descendre dans le sud du Burkina en direction de la réserve de Nazinga,(100000 ha, 600 km de pistes) à 30 km du Ghana. Avant même d’arriver à Pô, un camion est arrêté au bord  de la route, son chauffeur en train de filmer… des éléphants qui viennent juste de traverser la voie !!! Ça promet !!! Encore 50 km de piste avant d’entamer une nuit seuls, loin de l’agitation de Ouagadougou, à quelques pas des pachydermes... Tellement loin que nous dînons à la chandelle, faute d’électricité… mais le groupe électrogène aura assez d’énergie pour nous rafraîchir la chambre et monter de l’eau pour une douche réparatrice.

Le lendemain, nous apprécions la tranquillité du campement pendant que les premiers rayons se lèvent. Il est 6h00.Nous chargeons quelques bouteilles d'eau dans la glacière avant de grimper sur le toit du 4x4 avec le guide .
A peine 5 minutes s'écoulent que nous sommes (déjà) surpris par un troupeau d'éléphant sur le bord de la piste ... Des petits et leurs mères, un groupe qui paraît particulièrement agressif. Mon père dégaine immédiatement l’appareil photo, alors que je me frotte encore les yeux remplis de sommeil. Je finis par les ouvrir et bien que je sois venu quelques semaines auparavant, je ne me lasse pas de revoir toute la famille à Babar.




Les découvertes qui suivent sont nombreuses et le spectacle est à la hauteur de nos espérances :crocodiles, babouins, vervet, bubales, cobs de Buffon, phacochères, pintades de brousse, vautours, poules de roche, … et des éléphants !!!
Un régal pour les pupilles jusqu'à notre retour à Ouaga pour un repos bien mérité.

Le lendemain c'est mercredi et le mercredi, sur mon planning, c'est repos. Alors pour profiter de ce temps libre nous partons dans Ouaga pour une brève excursion dans l'université où mon père a enseigné ainsi qu'à la recherche des lieux ou mes parents ont vécu... On retrouve une maison qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, occupée par des soldats ; le moment est rapidement écourté par des militaires surpris et mécontents d'être "tirés" dans le cadre de nos prises de vues. La tension est palpable et nous partons sans plus attendre...

 " on va se baigner ? "


Jeudi. Nous filons à Bobo Diolasso avec le même chauffeur et le même 4x4 Toyota « 300 000 km au compteur »  : Sheriff, un homme simple, discret, et dont la culture générale et sa connaissance du pays impressionnent. Il répond à toutes sortes de questions au cours des 6 heures de trajet alors que j'observe, depuis ma fenêtre, défiler un nombre impensable d'accidents sur le bord de la route, tels un gosse comptant les voitures rouges sur la route des vacances. 


C'est vrai que ça ne me surprend pas...surtout quant on voit l'état des véhicules qui circulent : camion à plat, camion surchargé, camion désaxé (camion crabe), voiture surpeuplée, voiture cabossée...  D'autant plus que l'état des routes est déplorable, que les permis sont truqués et que beaucoup de conducteurs sont en états d ébriété... Bref, les parfaits ingrédients pour rendre la route commerciale la plus fréquentée du pays, la plus meurtrière du Burkina.


Tout ca n'a rien de rassurant, mais la prudence est de mise: pas au delà de 100 Km/heure (car le 4x4 ne peut pas plus) aucune prise de risque inutile et contrôle du véhicule à chaque pause !
Tranquillisé, j'en profite même pour somnoler cherchant à récupérer de mes précédentes semaines surchargées.

Finalement nous arrivons sain et sauf à Bobo en milieu d'après midi. Un rapide tour dans la ville et une visite éclair de la fameuse mosquée blanche et à l’architecture caractéristique sont ''organisés''. C’est l’heure de la prière et la mosquée n’est pas accessible.




A peine sortis de la voiture, nous sommes alpagués par des jeunes de diverses associations nous invitant à visiter le vieux quartier en passant, d'abord, par la caisse "Ticket Photo" puis la caisse "Ticket Visite"... Bien que méfiants au début, nous nous laissons convaincre et décidons pour une dizaine d'anciens francs, de faire le tour du quartier avec un guide. On peut à présent s’engager dans les méandres des vieilles rues du vieux Bobo.


La visite nous amène dans les différents quartiers (musulmans, animistes, griots et forgerons), on visite la case à palabres, on passe devant la 1ère maison de Bobo (du xième siècle), on voit la préparation du dolo à base de mil rouge et on se fait présenter des peintures batik... Nous insistons pour passer par la partie basse de la vieille ville, celle qui jouxte la rivière, malgré les réticences du guide.

"Put***.... "

Insalubrité, Pauvreté, Puanteurs, la situation est difficilement imaginable quand on vient d’un pays riche et confortable. Les images surprennent et on comprend pourquoi la visite n’était pas censée nous amener jusque là. Les parents ne sont pas trop surpris mais 30 ans après, rien ne semble avoir bougé.

Les gens vivent dans des habitations empilés sans eau ni électricité ni assainissement dans la capitale économique du Burkina Faso. Le premier point d'eau accessible est une mare stagnante. Au milieu de celle-ci on y voit tous types de déchets et des femmes faisant la lessive ou lavant leurs enfants. Les chiens errent à la recherche de nourriture et les eaux usées s'écoulent dans la rue. A tout juste quelques mètres un mariage diffuse sa musique festive comme si de rien n'était...
La vision est apocalyptique, la situation est désastreuse pour notre époque.



Le gouvernement, qui souhaitait raser le quartier, il y a de ça quelques années sous la présidence du Capitaine Sankara, aurait peut être mieux fait. Et pourtant...

 Paradoxalement, les autochtones n'ont pas l'air malheureux. Les gens que l’on rencontre vaquent à leurs occupations et nous saluent, les couleurs sont chatoyantes, les enfants jouent, ils paraissent en bonne santé… il y a de la vie et c’est animé… la fête continue à battre son plein quelques mètres plus haut dans la cité (vidéo article "déhanché") ... les enfants rencontrés sont souriants et plein de vie... Ça laisse perplexe mais tant qu’il y a de la vie et des enfants, il y a de l’espoir. 
Bien que le bonheur soit une valeur relative, peut-on imaginer ces familles heureuses ? Probablement que oui…


Après ce passage face à la réalité de l’Afrique d’aujourd’hui, nous passons devant la gare de Bobo, belle architecture subsahélienne du début du xxème siècle, aujourd’hui gérée par le groupe de Vincent Bolloré… Alors que le soir tombe et que la chaleur devient supportable ; nous continuons vers Banfora, ville de 100 000 habitants au milieu des cannes à sucre, pour y passer la nuit. Partout, dans les villages traversés, les enfants jouent au foot sur des terrains de fortune. La végétation change, il y a de l’eau et la verdure des manguiers. Sur le bord des routes, des dizaines de vendeuses de fruits et de légumes…




En Afrique, quand il y a l’eau, tout pousse vite et plusieurs fois ! Et la vie à la campagne paraît plus facile que dans les villes qui croissent trop vite alors que les infrastructures ne suivent pas. En 30 ans, le Burkina a multiplié par trois sa population et Ouagadougou a quadruplé la sienne !!!

Ainsi se termine cette journée, dense et longue, qui fait réfléchir sur l’avenir de ces populations et leur espérance de vie quand on doit survivre dans des conditions aussi difficiles...

... A SUIVRE


Déhanché

Parceque je manque cruellement de temps pour vous écrire un article digne de ce nom. Je préfère vous publier une magnifique vidéo qui vous transportera quelques instants en Afrique, et plus exactement à Bobo Dioulasso lors de mon rapide passage dans ses vieux quartiers.

Une vidéo à voir et à revoir.

Untitled from Etienne Darud on Vimeo.



Restez connecté, je suis de retour ...

Back to work

Après 1 semaine de repos...de retour au bureau...

Couvre-Feu


On en entendait parler depuis quelques jours dans le rues de Ouaga, mais cette fois ci c'est officiel : un couvre-feu a été décrété sur le Burkina Faso à compter de ce mercredi 30 mars 2011.Cet arrêté rentre en vigueur suite aux manifestations militaires sur l'ensemble du territoire.


Rétrospective pour ceux qui n'ont pas suivi : 


Les premiers événements ont éclaté le 22 et 23 Mars à Ouagadougou pour demander la libération de cinq soldats mêlés à des affaires de mœurs. Des tirs à balle réelle, des pilleries et des destructions de biens publiques ont eu lieu tout au long de ces journées. 
Le 28 et 29 Mars les événements sont suivis à Fada. Les soldats réclament, en plus, la libération de soldats condamnés pour viol. Des armes lourdes sont sorties, et utilisées à plusieurs reprises.

Les condamnés sont finalement libérés.


De l’autre coté, les commerçants se révoltent pour se faire rembourser leurs biens et les magistrats se mettent en grève pour non respect de leur profession.

Le conflit prend alors une ampleur nationale et de nouveaux tirs ont lieu dans la nuit du 29 et 30 mars.


Au vue de la tournure que prennent ces événements, le président Blaise Compaoré s’est donc exprimé ce soir s’engageant à trouver un consensus avec les différents protagonistes concernant « des mesures vigoureuses pour la protection de l’ensemble des populations et la sécurisation des biens publics et privés »

Il était temps...

Off

Off pour quelques jours...

J-7

Dans pas moins de 7 jours, j'aurais le droit - merci papa, merci maman - à 1 semaine de congés !
Un premier ''break'' officiel après 6 mois en Chine et 6 mois au Burkina...
7 jours pour me ressourcer et me retrouver en famille. Quant à mon frère, Benoit, il sera parmi nous par la pensée. Nouméa -> Ouagadougou : c'est quand même pas la porte à coté...
En tout cas je ne vous cache pas toute l'excitation que je ressens à l'idée de partager ces moments en famille et marcher sur leurs traces -avec eux- près de 20 ans plus tard !


Photos tirées de leurs vécus de 1983                                                  Photos tirées de mon vécu de 2011


Vue d'en bas


Vue d'en haut


Les manguiers 




Chaud devant !


Cet article est mis en forme, réécrit, corrigé et "romancé" pour retranscrire l'histoire telles qu’elle a été vécue mais surtout agréable à lire. Je ne souhaite en aucun cas mettre quiconque en état d'alerte sur ma sécurité ou prétendre à un blog ''sensationnel''.

Aujourd'hui - et comme avant - le Burkina est stable ! L’évènement relaté est rarissimeCette situation ne doit absolument pas être généralisée...

Enfin rassurez vous, la sécurité des ressortissants étrangers n'est pas remise en question, les manifestations s'opposent uniquement aux membres de l'état.

Bonne lecture
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Comme chaque matin, je me lève sous une climatisation tournant à plein régime et descends dans le salon pour un petit déjeuner express. Il fait 18 degrés dans la chambre, lorsqu’une vague de chaleur vient me frapper pleine face à l’ouverture de la porte –  une agréable impression d’avoir un sèche-cheveux devant le bout du nez – 
Tout en émergeant doucement, dégustant un pain frais et savoureux, je réfléchis à mon plan d’action pour la 
journée et en informe mon chauffeur quelques minutes plus tard.


Le temps du trajet, en direction de Zogona pour le premier controle surprise, j'écoute l'actualité en Lybie.
A peine arrivé sur place que la routine commence : quelques calculs rapides, une vérification de caisse, puis une descente au cagibi pour inspecter les comptes…

Soudain je lève la tête et aperçois une dizaine de personnes courir dans le sens inverse du trafic. Je sors étonné  mais bizarrement aucune voiture ne circule excepté un véhicule. Celui-ci est alors pris pour cible par un groupe d’individus, sans raison apparente, qui le pousse à faire demi-tour. En marche arrière, il est suivi d’une foule, lançant des projectiles en sa direction. Je discerne quelques cris scandant des slogans que je n’arrive pas à comprendre depuis la boulangerie...  
Je tâte alors mes poches, cherche mon téléphone, mais il est déjà trop tard : la foule est passée, la voiture s’est échappée. 
Je reviens donc rapidement à mes préoccupations, malgré ce cours incident. Mais à peine le temps de replonger dans mes cahiers que mon chauffeur débarque me demandant de partir sur le champ. Cette fois je ne comprends pas cette panique et garde mon sang froid. C'est en jetant un rapide coup d'oeil à l’extérieur du cagibi que j’aperçois de nouveaux groupes s’amassant au coins de la rue ...

A la vue de ce qui se trame, je monte sans réfléchir prévenir le gérant qui – pris par les comptes n’a rien vu, rien entendu-. Nous  redescendons aussitôt ranger sa moto et cadenasser la boulangerie. 
Durant ces quelques minutes tout s’accélère et je tente malgré tout de finir mon contrôle (si ce n’est pas de l’obsession ca ! ). Le stress rend les choses un peu plus compliquées et logiquement, je fais des erreurs de calculs...


« Allez Etienne ce n'est pas le moment de trainer»


« D’un autre coté, je risque d’être aussi pris pour cible alors autant rester et finir ce que j'ai à faire… le temps que ca se calme »

«Quoique... je n'ai deja plus de voiture alors si je brule celle ci je vais finir par me faire virer...»

Bref, tout juste le temps de finir de méditer que le chauffeur débarque de nouveau :

«  Il faut partir maintenant… »  

Il  reprend son souffle  et continue sa phrase

« ils ont commencé à brûler les pneus au bout de la rue et cela risque de dégénérer quand la police va arriver»

Bon plus le temps de tergiverser, je laisse tout tomber, j’y vais :

Au moment de fermer la porte je lance, comme si j’avais eu le temps de contrôler minutieusement les comptes: 
« Et puis ... rectifiez moi toutes ces erreurs, je repasse demain » 
La porte claque derrière moi sans même savoir si le gérant a bien entendu ma consigne...

Une fois à l’intérieur de la voiture, je ferme les fenêtres, cloue les portes, et demande au chauffeur de rouler prudemment derrière le véhicule qui vient, lui aussi, de se décider à partir.

Le moteur démarre et nous roulons au pas. La première ruelle se situant à quelques mètres de la boulangerie nous sert d’échappatoire. Nous nous éloignons finalement de la source de ces échauffourées. 
Plus serein, j'entame ainsi la discussion avec le chauffeur qui m’explique que les manifestants s’en prennent aux voitures de l’Etat (plaque rouge et bleu) suite aux événements de Koudougou (cf article ci-dessous). 
Pendant qu’il contourne les grands axes, il précise que notre situation n’est pas risquée, mais que la venue de la police peut rendre les lieux propices à des débordements...Il est donc plus raisonnable de partir...  

J’acquiesce et apprécie cette sage décision à la vue de l'épaisse fumée noire qui brûle derrière nous et l'arrivée des premiers véhicules de polices en cette direction...


Untitled from Etienne Darud on Vimeo.

Le Burkina Faso est dans les temps...

A son tour de, le peuple Burkinabé se lève à la suite d'un évenement à Koudougou : voir cet article 
Ouagadougou est relativement epargné par ce mouvement de contestation -hormis quelques regroupements-.
En tout cas -jusqu'à présent- pas de gros débordement mais je vous tiens au courant...

Accident

Il y a deçà 3 jours, j'ai envoyé mon assistante ainsi que mon chauffeur en mission à Koudougou.

Ce même jour, vers 19h, j'ai reçu l'appel suivant   :

- Monsieur Etienne,
- Oui ?
- On vient d'avoir un accident ...
- Comment ça ?
- Et bien, on a renversé un âne qui traversait la route...
- Un âne ? C'est une blague ?

Malheureusement non et la situation est bloquée entre Ouaga et Koudougou, à plus d'une heure de route... C'est un vendredi soir, et il nous est impossible de venir les dépanner. Heureusement personne n'est blessé. J'ordonne alors au chauffeur de passer la nuit sur place et demande à mon assistante de rentrer immédiatement. Quelques minutes plus tard les explications tombent, mais j'ai du mal à croire qu'un âne puisse surprendre un chauffeur aguerri -d'autant plus qu'il est burkinabé- .

Bref,  quoiqu'il en soit les consignes de sécurité et de prudence, que je rabâche avant chaque départ, n'ont sans doute pas été respectées. Cela me déçoit face aux initiatives que tache de mettre en place. Responsabiliser rapidement les membres d'une équipe est une politique que je prône et respecte. Mais ici je suis confronté à un manque cruel de professionnalisme...
Enfin,ils ont beau expliquer ne pas avoir dépassé les 100km, j'ai franchement du mal à faire passer la pilule, surtout quand je vois l'état de mon véhicule...

... Et je vous laisse imaginer l'état de l’âne...

La cohue en boulangerie

La famille Wend Konta s’est encore agrandie. 
Avec l’inauguration d’une nouvelle unité en périphérie de Ouagadougou, le groupe renforce sa position de leader sur le marché et offre de nouvelles solutions aux habitants délaissés de certains quartiers. 

I
l est 14H quand le SMS tombe en pleine pause déjeuner : «rendez vous 19h pour l’inauguration ». Surpris, je revois mes plans de l’après-midi et m’organise rapidement pour ne pas manquer ce nouveau lancement.
Et oui, je ne sais pas si vous vous rappelez mais ma préstation n’avait pas laissé indifférent un bon nombre de clients, je ne veux donc pas rater la chance de refaire bonne figure. D’autant plus que j’ai ardemment travaillé mon jeu de jambes alors il est temps de le mettre en pratique !!!

Il est 19h à ma montre quand nous roulons – Le DG, son fils et moi- en direction de la boulangerie.  Sur la route, aucun lampadaire n’est allumé, le courant a –encore une fois- sauté sur Ouaga.  L’ harmattan est épais comme du brouillard et il nous faudra alors quelques minutes supplémentaires pour se retrouver dans les méandres des chemins.

A notre arrivée, nous sommes surpris de voir que l’électricité n’est pas rétablie... La présence d’un groupe électrogène, ne changera rien, le carburant est insuffisant. Un boulanger est alors envoyé à la station la plus proche pour remplir un bidon d’essence. Juste de quoi alimenter la fin de cuisson du pain et l’éclairage de la devanture. 



En attendant nous patientons, -portables et lampes en main- pour visiter la boulangerie depuis l’intérieur.
Une  drôle de visite qui me donne l’impression de cambrioler la Brioche Dorée… 
Bref, je me prends au jeu et finis par en rire, surtout quand le président commence à plaisanter avec le chef boulanger sur la dimension des carreaux -alors que l’on y voie à peine le bout de notre nez-.

De l'autre coté quelques curieux s’amassent au comptoir,  interpellés par notre présence dans l'obscurité.
Je dégaine rapidement mon appareil photo et bombarde quelques clichés en intérieur puis en extérieur…  


la poussière rend la photographie impossible

Soudain la lumière revient.
Le four redémarre et un ouf de soulagement s’élève de la foule. La pression qui était légèrement montée au bout de 45 minutes retombe subitement. Quelques instants s’écoulent, le temps de finir les dernières minutes de cuissons interrompues, puis le président nous emmène faire face à la foule en haut des marches.

La distribution d’un pain sain, encore chaud et totalement gratuit est officiellement lancée après plus d'une heure d'attente !

Les premières minutes se déroulent dans le calme malgré une foule surexcitée. N'ayant que 2 bras, et malgré toute ma bonne volonté, je prends la décision de transmettre la caméra à un de mes amis.
Extrait :


Distribution de pains from Etienne Darud on Vimeo.


Alors que les dernières baguettes sortent du four, la foule se voit s’amasser un peu plus pour grappiller quelques suppléments de pains. Les enfants sont brusquement bousculés et il devient extrêmement difficile de raisonner le flux...
Pour éviter de se faire coincer -et de coincer- nous essayons d’envoyer les baguettes vers l’arrière de la foule, mais l’expérience n’est pas convaincante puisque l’effet est inversé : c'est la cohue en direction du comptoir.



Untitled from Etienne Darud on Vimeo.

J'ai alors l'impression d'être un jour de solde, à l’ouverture d'un centre commercial...


Cette dernière fournée nous donne quelques sueurs froides et la température avoisinant les 35 degrés n'arrange rien ! En tout cas, si cela peut vous rassurer, aucun blessé n'est à déplorer, et le calme est rapidement revenu après la fermeture des portes. Sachez tout de même que lorsque la situation est totalement bloquée,  la direction prend la sage décision de monter sur le toit… au moins, là-haut, le dispatching est plus efficace mais surtout moins risqué...

Coucher de soleil


Afin que vous patientiez avant la publication de mes nouvelles vidéos d'ouvertures de boulangeries et du Fespaco; je vous offre cette prise de vue depuis le bord du barrage où l'on aperçoit, au loin, quelques agriculteurs travaillant tardivement leurs terres...

Banfora V2

Ce week end : Retour a Banfora.

Pour ceux qui, au fond de la classe, n’ont rien suivi, il s’agit du seul point d’eau du Burkina où l’on peut se baigner -sans risque- au milieu d’un paysage lunaire. Bref, un détour plus que nécessaire pour se ressourcer, découvrir et redécouvrir cette magnifique perspective du Burkina.

Cette fois ci je ne vous envoie que ces clichés de notre épopée car rien de nouveaux à relater si ce n’est tout le plaisir que j’ai pris à sortir de Ouaga et à retrouver ce petit coin de paradis qui vous transporte ailleurs l’espace d’un weekend!

Certes, il y avait beaucoup plus de monde cette fois ci –grosse chaleur oblige : 40 degrés !
J’en ai donc profité pour plonger de quelques mètres, bronzer sur la pierre chaude, ou me relaxer sous la puissance des chutes d’eau…

Enfin tout ça pour dire que le retour a été particulièrement difficile et que je pense bien à vous en France –et ailleurs- en souffrant, moi aussi, des lundis difficiles …

Il rit !

Momentanément dans le bureau d'un de mes collègues, pour réaménagement de ma salle de travail, je profite de ses innombrables visites pour vous donner un aperçu de mon quotidien...


Untitled from Etienne Darud on Vimeo.

5 mois après...


Il est vrai qu'il m'arrive parfois de languir de la France.

Non pas que l'aventure ne me plait pas, non pas que je m’ennuie - au contraire- mais simplement parce que je fais souvent (trop souvent) face à des problématiques lassantes et épuisantes. Certes, je risque d'avoir les mêmes en France, mais j'ai juste parfois l'impression d’être face à moi-même, seul confronté au problème. Devoir tout faire, tout contrôler, tout organiser, sans même sentir que mon personnel souhaite y mettre du sien, ou un simple brin de bonne volonté, j'avoue que ce n'est pas facile…Je ne suis pas en train de baisser les bras, ça serait mal me connaitre, mais juste un petit coup de gueule sur la mentalité du Burkinabé.

Travailleur « perfectible », pas forcément motivé, mais surtout absolument pas curieux d’apprendre.  Le Burkinabé se moque des sanctions, rigole quand on parle de manquements à son devoirs et se permet même quelques insubordinations (oui oui, ça arrive). Bon je fais peut être une généralité, mais majoritairement c'est le cas, et plus précisément pour le sexe masculin...

Combien de fois, je me suis vu prendre le chiffon, le stylo ou le carton, par manque d'efficacité...Combien de fois, je décrédibilise mon statut en faisant des taches de premier niveau... Combien de fois je reprends les comptes pour retrouver leurs erreurs de gestions... 

Trop bon - Trop con ...J’ai donc décidé d’arrêter…

Certains diront qu'il est parfois important de montrer l'exemple - et en Chine cela marchait parfaitement-  mais ici ça ne prend pas ...le patron c'est le patron, il ne doit pas faire se rabaisser, faute de voir "dévaloriser" son statut...

Il est vrai que du « haut » de mes 23 ans, je comprends que certains n'acceptent pas d'être managé par quelqu'un de -bien- plus jeune, mais il faut l'accepter, et il faut surtout que j'arrive à le faire accepter. Sur ce sujet, je n'ai pour l'instant eu que 2 récalcitrants, se permettant de s'opposer à mes directives, mais vite remis en place par le président en personne... Alors dorénavant j'y mets les formes, plus un sourire, la mine fermée, je sanctionne et reste ferme dans toutes les situations. Je ne laisse définitivement plus rien passer et impose même que l'on me vouvoie pour éviter une relation trop amicale... (et oui, à ce point).

Aujourd'hui j'apprends à me comporter face à ces situations, j'apprends à discuter, négocier, relancer, et à tout vérifier par moi-même. Les choses ont changé depuis mon arrivée, et il m'aurait fallu être dans cet état d'esprit dès mes premiers pas au Burkina...j'aurais gagné en efficacité; incontestablement!

Ce qui m’interpelle, c'est qu'aujourd'hui je me vois opposé à mes anciens dires, prônant les valeurs du ''management participatif" que je pensais applicable de manière universelle... 
Mais il est temps d'arrêter de se voiler la face : ici c'est impossible, je suis catégorique !
Le président me l'a toujours fait comprendre mais j'ai pourtant essayé, tenté de me raccrocher à cette petite flamme souhaitant donner une chance à certains... en vain... et il m'aura fallu quelques mois pour me rabattre de son coté...

Non en fait, ce qui pose vraiment problème en Afrique, c'est une « espèce » de solidarité.. ancrée et profondément ancrée : celle qui vous empêche d'avoir le bon témoignage, celle qui ne vous permet pas d'avoir la "vérité vraie", celle qui offre à celui qui est sanctionné la facilité de manger le soir même de sa punition, celle qui décrédibilise toute action de votre part, celle qui relativise vos propos, celle qui incite le gérant à mentir pour ne pas faire sanctionner son chef boulanger... finalement celle qui vous fait tourner en rond…

Alors la question est simple, est-ce qu’aujourd’hui un excès de « pseudo » solidarité peut-il nuire à un pays ? … l'Afrique, ne se met-elle pas, seule, des bâtons dans les roues ?

Les risques du métier !

Quand ''grosse chaleur''  et ''route désastreuse" se rencontrent... voilà ce que ça donne :


Reste plus qu'à redoubler d'efforts pour rattraper ces pertes !

Oups, des nouvelles !

Je suis fan de pain !!!

Après quelques jours d'absence, faute d'avoir du temps libre pour publier, je vous écris pour vous apporter des nouvelles fraiches (façon de parler)  du Burkina!

Ici tout va pour le mieux, le projet prend une ampleur fabuleuse. J'ai installé dans plus d'une vingtaine de boulangeries mes marchandises et le suivi est quotidien. L'équipe accueille de nouvelles recrues, et le travail se répartit uniformément - de quoi me soulager un minimum-. Toutefois, mes journées restent pleines mais je prends un peu plus de plaisir à travailler sur de nouvelles activités : études de prix, statistiques, recrutement, formation, etc ... 

Mis à part ça, le soleil est toujours présent, l'harmattan a redoublé en puissance et il n'y a pas un seul jour sans retrouver quelques centimètres de poussières sur les étagères. La fraicheur nocturne vient à disparaitre et je tente de faire quelques nuits sans climatisation. Les matins sont alors collants, et parfois même migraineux... j'ai donc rapidement arrêté mes "entraînements" et me suis laissé tenter par le climatiseur... 
Enfin, concernant mon palu, tout va bien, pas de rechute, pas de crise, alors pourvu que ca dure...
Ma famille et une amie viendront me rendre visite prochainement, alors si vous aussi vous souhaitez venir passer quelques jours dans un pays totalement différent du vôtre et culturellement très intéressant, n'hésitez surtout pas, j'aurais plaisir à vous guider ! 

En attendant, je file à la sieste, la nocturne d'hier de 4 h à 9 h m'a totalement achevée... 
Je reviens au plus vite pour d’autres chaudes nouvelles du Faso accompagnées de nouvelles vidéos!