Il est vrai qu'il m'arrive parfois de languir de la France.
Non pas que l'aventure ne me plait pas, non pas que je m’ennuie - au contraire- mais simplement parce que je fais souvent (trop souvent) face à des problématiques lassantes et épuisantes. Certes, je risque d'avoir les mêmes en France, mais j'ai juste parfois l'impression d’être face à moi-même, seul confronté au problème. Devoir tout faire, tout contrôler, tout organiser, sans même sentir que mon personnel souhaite y mettre du sien, ou un simple brin de bonne volonté, j'avoue que ce n'est pas facile…Je ne suis pas en train de baisser les bras, ça serait mal me connaitre, mais juste un petit coup de gueule sur la mentalité du Burkinabé.
Travailleur « perfectible », pas forcément motivé, mais surtout absolument pas curieux d’apprendre. Le Burkinabé se moque des sanctions, rigole quand on parle de manquements à son devoirs et se permet même quelques insubordinations (oui oui, ça arrive). Bon je fais peut être une généralité, mais majoritairement c'est le cas, et plus précisément pour le sexe masculin...
Combien de fois, je me suis vu prendre le chiffon, le stylo ou le carton, par manque d'efficacité...Combien de fois, je décrédibilise mon statut en faisant des taches de premier niveau... Combien de fois je reprends les comptes pour retrouver leurs erreurs de gestions...
Trop bon - Trop con ...J’ai donc décidé d’arrêter…
Certains diront qu'il est parfois important de montrer l'exemple - et en Chine cela marchait parfaitement- mais ici ça ne prend pas ...le patron c'est le patron, il ne doit pas faire se rabaisser, faute de voir "dévaloriser" son statut...
Il est vrai que du « haut » de mes 23 ans, je comprends que certains n'acceptent pas d'être managé par quelqu'un de -bien- plus jeune, mais il faut l'accepter, et il faut surtout que j'arrive à le faire accepter. Sur ce sujet, je n'ai pour l'instant eu que 2 récalcitrants, se permettant de s'opposer à mes directives, mais vite remis en place par le président en personne... Alors dorénavant j'y mets les formes, plus un sourire, la mine fermée, je sanctionne et reste ferme dans toutes les situations. Je ne laisse définitivement plus rien passer et impose même que l'on me vouvoie pour éviter une relation trop amicale... (et oui, à ce point).
Aujourd'hui j'apprends à me comporter face à ces situations, j'apprends à discuter, négocier, relancer, et à tout vérifier par moi-même. Les choses ont changé depuis mon arrivée, et il m'aurait fallu être dans cet état d'esprit dès mes premiers pas au Burkina...j'aurais gagné en efficacité; incontestablement!
Ce qui m’interpelle, c'est qu'aujourd'hui je me vois opposé à mes anciens dires, prônant les valeurs du ''management participatif" que je pensais applicable de manière universelle...
Mais il est temps d'arrêter de se voiler la face : ici c'est impossible, je suis catégorique !
Le président me l'a toujours fait comprendre mais j'ai pourtant essayé, tenté de me raccrocher à cette petite flamme souhaitant donner une chance à certains... en vain... et il m'aura fallu quelques mois pour me rabattre de son coté...
Non en fait, ce qui pose vraiment problème en Afrique, c'est une « espèce » de solidarité.. ancrée et profondément ancrée : celle qui vous empêche d'avoir le bon témoignage, celle qui ne vous permet pas d'avoir la "vérité vraie", celle qui offre à celui qui est sanctionné la facilité de manger le soir même de sa punition, celle qui décrédibilise toute action de votre part, celle qui relativise vos propos, celle qui incite le gérant à mentir pour ne pas faire sanctionner son chef boulanger... finalement celle qui vous fait tourner en rond…
Alors la question est simple, est-ce qu’aujourd’hui un excès de « pseudo » solidarité peut-il nuire à un pays ? … l'Afrique, ne se met-elle pas, seule, des bâtons dans les roues ?
C'est une très bonne analyse bien mahleureuse certes mais le juste reflêt d'une réalité quotidienne. Le patron reste le patron et la gentillesse n'est pas ton allié mais un signe de faiblesse. C'est un peu le résidu négatif de la période colonisatrice. Suivant avec qui tu travailles il est inutile d'essayer de transmettre un savoir car ce n'est pas dans la mentalité de transmettre. Les gens font ce qu'on leur demande et c'est tout. Soit le patron, soit juste et ne lache rien. Gratifie quand c'est nécéssaire et sanctionne intelligemment et surtout ne perds pas le but de ton voyage. La majorité des gens sont comme ca et tu ne les changeras pas, c'est à eux d'acccepter d'évoluer et d'arrêter de rester tourné vers le passé en pronant cette fatalité lassante... A bientot. WP
RépondreSupprimerEt bien alors Etienne, cela fait bien longtemps que nous n'avons pas reçu un message relatant cette tristesse.
RépondreSupprimerAdaptez-vous mais ne changez pas, vous êtes quelqu'un de très bien !
Courage ...
Jérôme DELAVIERE