Pour ce retour aux sources exceptionnel des parents, j'avais concocté un petit programme allant de Ouagadougou à Nazinga jusqu'à Banfora, en passant par Bobo-Dioulasso et ses vieux quartiers... Un programme intense et dépaysant !
Je n'avais pas prévu de pousser dans les extrêmes, mais le jour même de leur arrivée, un couvre-feu a été mis en place suite aux récents évènements (articles précédents). Une pure coïncidence leur rappelant l'ambiance des nuits factieuses de Haute-Volta, il y a près de 30 ans.
Nous commençons la semaine en quittant Ouaga pour descendre dans le sud du Burkina en direction de la réserve de Nazinga,(100000 ha, 600 km de pistes) à 30 km du Ghana. Avant même d’arriver à Pô, un camion est arrêté au bord de la route, son chauffeur en train de filmer… des éléphants qui viennent juste de traverser la voie !!! Ça promet !!! Encore 50 km de piste avant d’entamer une nuit seuls, loin de l’agitation de Ouagadougou, à quelques pas des pachydermes... Tellement loin que nous dînons à la chandelle, faute d’électricité… mais le groupe électrogène aura assez d’énergie pour nous rafraîchir la chambre et monter de l’eau pour une douche réparatrice.
Le lendemain, nous apprécions la tranquillité du campement pendant que les premiers rayons se lèvent. Il est 6h00.Nous chargeons quelques bouteilles d'eau dans la glacière avant de grimper sur le toit du 4x4 avec le guide .
A peine 5 minutes s'écoulent que nous sommes (déjà) surpris par un troupeau d'éléphant sur le bord de la piste ... Des petits et leurs mères, un groupe qui paraît particulièrement agressif. Mon père dégaine immédiatement l’appareil photo, alors que je me frotte encore les yeux remplis de sommeil. Je finis par les ouvrir et bien que je sois venu quelques semaines auparavant, je ne me lasse pas de revoir toute la famille à Babar.
Les découvertes qui suivent sont nombreuses et le spectacle est à la hauteur de nos espérances :crocodiles, babouins, vervet, bubales, cobs de Buffon, phacochères, pintades de brousse, vautours, poules de roche, … et des éléphants !!!
Les découvertes qui suivent sont nombreuses et le spectacle est à la hauteur de nos espérances :crocodiles, babouins, vervet, bubales, cobs de Buffon, phacochères, pintades de brousse, vautours, poules de roche, … et des éléphants !!!
Un régal pour les pupilles jusqu'à notre retour à Ouaga pour un repos bien mérité.
Le lendemain c'est mercredi et le mercredi, sur mon planning, c'est repos. Alors pour profiter de ce temps libre nous partons dans Ouaga pour une brève excursion dans l'université où mon père a enseigné ainsi qu'à la recherche des lieux ou mes parents ont vécu... On retrouve une maison qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, occupée par des soldats ; le moment est rapidement écourté par des militaires surpris et mécontents d'être "tirés" dans le cadre de nos prises de vues. La tension est palpable et nous partons sans plus attendre...
" on va se baigner ? "
Jeudi. Nous filons à Bobo Diolasso avec le même chauffeur et le même 4x4 Toyota « 300 000 km au compteur » : Sheriff, un homme simple, discret, et dont la culture générale et sa connaissance du pays impressionnent. Il répond à toutes sortes de questions au cours des 6 heures de trajet alors que j'observe, depuis ma fenêtre, défiler un nombre impensable d'accidents sur le bord de la route, tels un gosse comptant les voitures rouges sur la route des vacances.
C'est vrai que ça ne me surprend pas...surtout quant on voit l'état des véhicules qui circulent : camion à plat, camion surchargé, camion désaxé (camion crabe), voiture surpeuplée, voiture cabossée... D'autant plus que l'état des routes est déplorable, que les permis sont truqués et que beaucoup de conducteurs sont en états d ébriété... Bref, les parfaits ingrédients pour rendre la route commerciale la plus fréquentée du pays, la plus meurtrière du Burkina.
Tout ca n'a rien de rassurant, mais la prudence est de mise: pas au delà de 100 Km/heure (car le 4x4 ne peut pas plus) aucune prise de risque inutile et contrôle du véhicule à chaque pause !
Tranquillisé, j'en profite même pour somnoler cherchant à récupérer de mes précédentes semaines surchargées.
Finalement nous arrivons sain et sauf à Bobo en milieu d'après midi. Un rapide tour dans la ville et une visite éclair de la fameuse mosquée blanche et à l’architecture caractéristique sont ''organisés''. C’est l’heure de la prière et la mosquée n’est pas accessible.
A peine sortis de la voiture, nous sommes alpagués par des jeunes de diverses associations nous invitant à visiter le vieux quartier en passant, d'abord, par la caisse "Ticket Photo" puis la caisse "Ticket Visite"... Bien que méfiants au début, nous nous laissons convaincre et décidons pour une dizaine d'anciens francs, de faire le tour du quartier avec un guide. On peut à présent s’engager dans les méandres des vieilles rues du vieux Bobo.
A peine sortis de la voiture, nous sommes alpagués par des jeunes de diverses associations nous invitant à visiter le vieux quartier en passant, d'abord, par la caisse "Ticket Photo" puis la caisse "Ticket Visite"... Bien que méfiants au début, nous nous laissons convaincre et décidons pour une dizaine d'anciens francs, de faire le tour du quartier avec un guide. On peut à présent s’engager dans les méandres des vieilles rues du vieux Bobo.
La visite nous amène dans les différents quartiers (musulmans, animistes, griots et forgerons), on visite la case à palabres, on passe devant la 1ère maison de Bobo (du xième siècle), on voit la préparation du dolo à base de mil rouge et on se fait présenter des peintures batik... Nous insistons pour passer par la partie basse de la vieille ville, celle qui jouxte la rivière, malgré les réticences du guide.
"Put***.... "
Insalubrité, Pauvreté, Puanteurs, la situation est difficilement imaginable quand on vient d’un pays riche et confortable. Les images surprennent et on comprend pourquoi la visite n’était pas censée nous amener jusque là. Les parents ne sont pas trop surpris mais 30 ans après, rien ne semble avoir bougé.
Les gens vivent dans des habitations empilés sans eau ni électricité ni assainissement dans la capitale économique du Burkina Faso. Le premier point d'eau accessible est une mare stagnante. Au milieu de celle-ci on y voit tous types de déchets et des femmes faisant la lessive ou lavant leurs enfants. Les chiens errent à la recherche de nourriture et les eaux usées s'écoulent dans la rue. A tout juste quelques mètres un mariage diffuse sa musique festive comme si de rien n'était...
La vision est apocalyptique, la situation est désastreuse pour notre époque.
La vision est apocalyptique, la situation est désastreuse pour notre époque.
Le gouvernement, qui souhaitait raser le quartier, il y a de ça quelques années sous la présidence du Capitaine Sankara, aurait peut être mieux fait. Et pourtant...
… Paradoxalement, les autochtones n'ont pas l'air malheureux. Les gens que l’on rencontre vaquent à leurs occupations et nous saluent, les couleurs sont chatoyantes, les enfants jouent, ils paraissent en bonne santé… il y a de la vie et c’est animé… la fête continue à battre son plein quelques mètres plus haut dans la cité (vidéo article "déhanché") ... les enfants rencontrés sont souriants et plein de vie... Ça laisse perplexe mais tant qu’il y a de la vie et des enfants, il y a de l’espoir.
Bien que le bonheur soit une valeur relative, peut-on imaginer ces familles heureuses ? Probablement que oui…
Après ce passage face à la réalité de l’Afrique d’aujourd’hui, nous passons devant la gare de Bobo, belle architecture subsahélienne du début du xxème siècle, aujourd’hui gérée par le groupe de Vincent Bolloré… Alors que le soir tombe et que la chaleur devient supportable ; nous continuons vers Banfora, ville de 100 000 habitants au milieu des cannes à sucre, pour y passer la nuit. Partout, dans les villages traversés, les enfants jouent au foot sur des terrains de fortune. La végétation change, il y a de l’eau et la verdure des manguiers. Sur le bord des routes, des dizaines de vendeuses de fruits et de légumes…
En Afrique, quand il y a l’eau, tout pousse vite et plusieurs fois ! Et la vie à la campagne paraît plus facile que dans les villes qui croissent trop vite alors que les infrastructures ne suivent pas. En 30 ans, le Burkina a multiplié par trois sa population et Ouagadougou a quadruplé la sienne !!!
En Afrique, quand il y a l’eau, tout pousse vite et plusieurs fois ! Et la vie à la campagne paraît plus facile que dans les villes qui croissent trop vite alors que les infrastructures ne suivent pas. En 30 ans, le Burkina a multiplié par trois sa population et Ouagadougou a quadruplé la sienne !!!
Ainsi se termine cette journée, dense et longue, qui fait réfléchir sur l’avenir de ces populations et leur espérance de vie quand on doit survivre dans des conditions aussi difficiles...
... A SUIVRE
Des elephants, Des elephants , Des elephants partout partout partout!!!! J'adoooore les éléphants je veux que tu m'en rapporte un dans ta valise ( un bébé devrait suffire ... ;))avec bien evidemment les bijoux et les mangues ;)
RépondreSupprimerC'est drole je n'y étais pas tu es sure? Car mes reves sont identiques!!! ;)
Plein de Bisous
PS: j'attends la suite !!! Dépeche toi ;)
Super... le film sur les elephants existe, il faut le mettre quelque part... et Sheriff aussi, il le mérite a moins qu'il ait des droits d image a payer exorbitants ! Bises
RépondreSupprimerVoilà ... la partie audio est aussi fun !
RépondreSupprimerSuper!
RépondreSupprimerQuand tu parles de la basse ville qui longe la rivière, je retrouve mes lacs polués et aussi aménagés en décharge que j'ai en Inde!
Pour la forte augmentation de la population tu l'explique comment? Fin des famines? Plus de guerre?