Chaud

Hier mise en place des marchandises "diverses" sur de nouvelles boulangeries. Cette fois ci j'ai vu les choses en gros, j'ai pris de l'avance sur les commandes et je me suis même permis de livrer des congélateurs, quelques cartons de lait, et une cinquantaine de nescafé. Le temps est précieux à présent et je ne gaspille plus une seule minute.

Comme d'habitude, même rituel, même geste, même process, mais plus optimisé, plus organisé, plus ajusté. C'est rodé, ca glisse, il y a du rythme (trop peut être pour le burkinabé) et ca avance.

Conséquence en fin de journée :de nouvelles boulangeries opérationnelle.

Mais puisque ce début d'article n'a rien de nouveau, je vais vous relater le rendez vous assez particulier d'hier après midi... Ma première réunion d'officialisation des marchandises diverses auprès des  cafetiers.

Alors voilà. Il est 15h, le gérant m'appelle et me signale l'arrivée des premiers clients. La cuillère au bec, je préviens de mon arrivée d'ici 10 minutes. Je m'empresse alors d'appeler le chauffeur pour me rendre rapidement à destination.

Détendu, je discute avec mon ami bertrand et m'attends à rencontrer quelques clients intéressés par la mise en place de notre marchandises...les yeux sur le bord de la route, je rêvasse et ne vois pas arriver la boulangerie...

 ... Stupéfaction, la foule déborde, les gens ne peuvent même plus s'asseoir sur les bancs, préalablement installés, et s'entassent près du comptoir.
 je regarde alors mon ami bertrand, avale ma salive, sens mon pouls s accélérer et descends d'un pas décidé du 4x4.

...

Je glisse délicatement ma sacoche par terre, sors mon crayon, mon bloc-notes, pose les produits sur le comptoir et prépare rapidement ma démonstration dans ma tête en même temps.

Rien ne vaut un peu d'improvisation...

"bonjour à tous, tout d'abord merci d'avoir répondu à l'appel du gérant concernant l"introduction des nouveautés de la boulangerie wend konta..."

... Silence... 

Les regards se croisent, j'ai l'impression que le vide se fait sous mes pieds (un ange passe)... Je me retourne vers bertrand et lui glisse:

" tu peux traduire stp"
...

" en moré.........."

...

Je sens alors que mon discours prend vie... Soulagé, les quelques gouttes qui perlent sur mon front s'évaporent petit à petit...
 mais la chaleur n'arrange pas les choses, la boulangerie enfourne au fond, le manque de courant d'air et la cinquantaine de personnes présentes rendent l ambiance un peu moite...

Je décris chaque produit, aborde les tarifs puis entame la démonstration imagée :

· ici  3 boites vides de nescafé 200 gr .

· ici 4 sachets de nescafé pleins de 260gr.

Le premier s'achète à 2600 et le deuxième à 2750.

But de l'opération, prouver qu'en achetant 3 sachets,  le consommateur économise 1 boite de 200gr: 

Je découpe le haut du premier sachet, puis malencontreusement arrache un peu trop fort l'ouverture ''facile'' -qui n'en était pas une finalement-... Et perds ainsi une partie du paquet sur le comptoir...

'' Tu peux me donner une feuille blanche stp -appel au secours- " , une goutte coule le long de ma nuque.

Malgré ça, je continue imperturbable et verse le sachet dans la boite vide n°1 de 200gr... Je remarque alors que les 260grammes rentrent entièrement dans la boite de 200gr... 
Je stoppe immédiatement le flux, et m'arrête approximativement ("au pif").

Et m'exclame -dans ma tête- :


 '' quel c**, j'ai trop versé, les boites de 200gr, à l'achat, ne sont jamais pleines jusqu'en haut...tant pis"

je continue, verse le sachet n°2 et n°3, dans les boites vides 2, 3 et 4 ...

et là, bien évidemment,la magie n'opère pas... Les 60 grammes qui devaient être en trop dans chaque sachet, auraient du remplir une 4eme boite :

3*60gr=180grammes soit environ 1 boite de 200gr. 

or, ici, la 4eme boite ne se retrouve pleine qu'à 50% ...

Impassible,  je me lance avec assurance :

 '" les 3 sachets vous permettent alors d'économiser, une 4eme boite ! "
...

" et oui ... Enfin, une 4eme et demie plutôt...''

Soudainement les gens commencent à se lever pour venir voir...

-oups-

Le temps de rejoindre le comptoir, je me munis du premier ustensile disponible et  :

"hop hop hop, une par ci, 2 par là, je récupère la moitié sur le comptoir ... Et voilà le travail. "

Les clients ont l'air convaincus... Et je rattrape in extremis la situation...  

J'appuie alors mon argumentaire.

La réaction est unanime, un brouhaha se crée, le packaging vide est arraché pour lire l'étiquette, les questions fusent... Je suis soulagé, j'ai convaincu...

S'ensuit  alors de longue discussion sur les prix, puis le lait et la margarine... Mais le principal est fait : changer leur habitude de consommation en les convaincant de ce nouveau produit.

1h30 de débat, de sourire, de rigolade, de serrage de main, de questionnements, de réponses, d'écoutes, d'explications  etc etc...

Je vends le mérite de la "win-win situation" et sourit bêtement :

"Ce job est en or, je touche vraiment à tous les domaines"