Archives

Le poids des mots


 
 
« Salut le blanc » 
« Hey, ca va le noir »

 En entendant ces paroles, que je saisis à chaque coin de rue de Ouagadougou, j’ai l’impression d’avoir 2 « xénophobes» qui se parlent et se renvoient la balle…
Au départ, interpellé, j’ai beaucoup réfléchi à la question et j’ai alors rapidement compris la raison de ma stupéfaction : 

Aujourd’hui en 2010, en France, on est parvenus à créer et faire rentrer dans les mœurs de nouveaux mots, qui se veulent « politiquement corrects » et préservant les différentes sensibilités communautaires. Nous entendons, en effet, beaucoup plus souvent dire : black et beur, que noir et arabe, c’est une réalité.

Nous avons donc réussi à stigmatiser la dénomination noir, arabe ou blanc. Bien sur, il est évident que les politiciens et les médias sont en grande partie responsables de ce changement, de ce formatage...Et il va sans dire, que c’est en évitant de faire la différence, que l’on crée cette différence.

En effet, certains diront qu’il s’agit d’unité… mais ne croyez vous pas que les nouvelles appellations font le contraire de ce qu’elles devraient faire, puisqu’elles mettent, à présent, de nouvelles étiquettes à chacun ?

En cherchant à intégrer chaque Français, quelle que soit sa couleur de peau, on a finalement réussi à recréer notre propre vocabulaire, auparavant juste, en créant de nouveaux mots, qui se veulent plus « soft » mais finalement plus « stigmatisant », renforçant ainsi, une certaine ségrégation raciale.

On tourne et retourne les lettres pour trouver une parade aux sons qui fâchent, blessent ou sonnent faux. On solutionne les problématiques avec le verlan, l'anglais, voire de nouvelles phrases comme « jeune Français d'origine maghrébine ».

Finalement, entendre dire, "salut le blanc" ou " salut le noir'', ne devrait pas interpeller. En France, c’est le conditionnement que nous subissons tous les jours, l'appréhension d'être perçu comme raciste, catalogué comme xénophobe -alors qu'il n'en est rien- qui fait qu’aujourd’hui notre réaction a changé et nous éloigne d’une réalité qui ne choque personne ici...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire